Thé au lotus
Le thé au lotus (en vietnamien : trà sen, chè sen ou chè ướp sen) est un type de thé vert produit exclusivement au Vietnam et qui a été parfumé par du Nelumbo nucifera. Il s'agit d'une spécialité de l'industrie vietnamienne de production de thé et est consommé au cours des festivités et des festivals.
Définition du « thé au lotus »
[modifier | modifier le code]L'acceptation la plus courante de l'appellation « thé au lotus » correspond à la spécialité de thé vert vietnamien produit à partir de lotus frais ; toutefois, il existe aussi
- des thés parfumés avec des arômes de synthèse ou naturels plutôt que des fleurs fraîches, aussi commercialisés sous le nom thé au lotus
- des thés préparés à partir de pollen de lotus, qui est récolté séparément et mélangé par la suite ; ce thé est notamment développé en Thaïlande pour diminuer les importations et est plutôt appelé « thé de pollen de lotus »[1]
- des infusions produites uniquement à partir de lotus, sans camellia sinensis : la Corée produit des infusions de feuilles de lotus[2], de fleurs de lotus[2], de fruits de lotus séchés[3], de graines de lotus[2] et de racines de lotus[2] ; la Chine et le Vietnam, des infusions d'embryons de lotus[4]
Histoire
[modifier | modifier le code]Le thé au lotus date du règne de l'empereur Tự Đức, à la fin du XIXe siècle : au mois de juin, en fin d'après-midi, ses serviteurs inséraient de petites quantité de thé vert dans les fleurs de lotus poussant dans les étangs impériaux, les refermant délicatement pour protéger le thé ; le lendemain matin, ils venaient collecter le thé ainsi que la rosée déposée sur les feuilles de lotus, et l'empereur buvait son thé de lotus dans cette eau[5].
Production
[modifier | modifier le code]Ce thé est fabriqué en laissant du thé vert absorber le parfum naturel des fleurs de lotus : d'abord, les fleurs de lotus sont cueillies, puis on leur retire leurs pétales ; ensuite, les étamines sont collectées et tamisées, pour être placées sur le thé dans une large poêle pendant deux jours ; le mélange est ensuite emballé dans du papier ciré, qui est lui-même enroulé autour d'une poêle pleine d'eau ; l'ensemble est à nouveau emballé dans du papier et une épaisse couverture et placé dans un panier de bambou pendant 12h ; une fois l'opération finie, les étamines sont enlevées à la main[5].
Ces étapes peuvent être répétées plusieurs fois pour accentuer le parfum floral des feuilles de thé ; elle est faite cinq fois pour les thés les plus chers[5],[6]. Pour les thés de très haute qualité, 1500 fleurs de lotus par kilogramme de thé sont nécessaires, et seules une trentaine de familles d'Hanoi réalisent ce travail, à partir de fleurs poussant dans le lac de l'Ouest[5],[7]. Cette production n'a lieu qu'en juin et juillet, lorsque les lotus fleurissent[8].
Consommation
[modifier | modifier le code]Le thé est souvent consommé à l'occasion de Têt[5].
Infusion
[modifier | modifier le code]Le thé au lotus est très fort et une bonne infusion doit durer moins de 2 minutes en utilisant une eau moins chaude (70 °C). À partir d'une dose de thé, on peut obtenir jusqu'à 3 ou 4 infusions.
Composition chimique
[modifier | modifier le code]Le composé principal responsable du goût et de l'arôme particulier du thé au lotus est le 1,4-diméthoxybenzène, qui représente 93% des arômes du pollen de lotus séché et 30% du pollen encore frais ; les autres arômes significativement présents, tels que le linalol, ne viennent a priori pas du lotus, mais sont des arômes classiques des thés verts vietnamiens[9],[10].
Identité et tourisme
[modifier | modifier le code]Le thé au lotus est perçu par les habitants de Hanoï comme un symbole du mode de vie traditionnel et considéré comme le meilleur thé au monde[11].
Depuis la fin des années 2010 le thé au lotus est vu au Viêt Nam comme un argument touristique : il fait partie avec le ca trù, la pagode de Vong Thi ou la fabrication du papier rhamnoneuron, des arguments touristiques principaux de Hanoï[12],[13] mais aussi des activités d'écotourisme proposées par des lieux plus ruraux, tels que la province de Ninh Thuân[14].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Vietnamese lotus tea » (voir la liste des auteurs).
- Duangtip Hongsamoot et Suvarin Bumroongsook, « A feasibility study on organic lotus pollen tea as consumer product », Emirates Journal of Food and Agriculture, vol. 27, no 5, , p. 441 (ISSN 2079-052X, DOI 10.9755/ejfa.2015.04.033, lire en ligne, consulté le )
- Yun Paek-hyŏn, Yi Yŏng-hŭi p'yŏnjŏ Chŏng Tong-hyo, Ch'a saenghwal munhwa taejŏn, Hongikjae, (ISBN 978-89-7143-351-5 et 89-7143-351-5, OCLC 978038302, lire en ligne)
- (en) « Serving lotus, from flower to seed », sur koreatimes, (consulté le )
- (vi) VnExpress, « Những loại trà có ích cho bệnh nhân tiểu đường », sur vnexpress.net (consulté le )
- Jane Pettigrew, Jane Pettigrew's world of tea., (ISBN 978-1-940772-51-6 et 1-940772-51-6, OCLC 1043926696, lire en ligne)
- The Tao of Tea, « Vietnamese Tea » (consulté le )
- Art of Tea, « Lotus Green Vietnamese Tea » (consulté le )
- « Thé au lotus : une tradition vietnamienne – Chercheur de Thé » (consulté le )
- YAMANISHI, T. Flavour of green tea. Jpn. Agric. Res. Q, 1978, vol. 12, p. 205-210.
- Thanh-Thi Nguyen et Tei Yamanishi, « Flavor Components in Vietnamese Green Tea and Lotus Tea », Agricultural and Biological Chemistry, vol. 39, no 6, , p. 1263–1267 (ISSN 0002-1369, DOI 10.1080/00021369.1975.10861766, lire en ligne, consulté le )
- Le Courrier du Vietnam, « Aromatiser le thé au lotus: l’extraordinaire art des Hanoïens », sur lecourrier.vn (consulté le )
- Le Courrier du Vietnam, « Hanoï : le thé au lotus fait son apparition dans les circuits touristiques au lac de l’Ouest », sur lecourrier.vn (consulté le )
- Le Courrier du Vietnam, « Projet de promotion du thé au lotus à Hanoï », sur lecourrier.vn (consulté le )
- Le Courrier du Vietnam, « Le lotus, un marché prisé de l’écotourisme », sur lecourrier.vn (consulté le )